Eaux du Nil : Le Soudan lâche l’Egypte
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Par : Amira Samir
Publié le : 3/03/14
La décision du Soudan de rester « neutre » sur le dossier du barrage éthiopien laisse l’Egypte sous le choc. Khartoum cherche désormais à jouer le rôle de médiateur.
Le changement de position du Soudan est un coup dur pour l’Egypte. Le Soudan, quasiment le seul allié de l’Egypte dans ce dossier, a fait savoir qu’il ne considérait pas la construction du barrage éthiopien comme une menace. Le nouveau barrage est situé à 33 km de la frontière du Soudan dans la grande gorge du Nil Bleu et du Nil Blanc qui se rejoignent à Khartoum.
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Le Soudan ne veut pas entrer en conflit avec l’Ethiopie, parce que les négociations de paix entre le gouvernement soudanais et les rebelles du Kordofan-Sud se déroulent à Addis-Abeba. Les territoires soudanais accueillent aussi plus de 4 200 militants éthiopiens, et c’est une crise pour le Soudan, qui a préféré soutenir le régime éthiopien », analyse Hani Raslane, spécialiste des pays du bassin du Nil au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram.
Le Soudan est donc arrivé à la conclusion que le barrage n’aura pas d’impact négatif et s’est rallié à l’Ethiopie, qui a promis de lui vendre de l’électricité ainsi produit par le barrage, électricité qui fait défaut dans la région. Khartoum ne se considère désormais plus comme faisant partie du litige et souhaiterait plutôtjouer un rôle de médiateur entre l’Egypte et l’Ethiopie.
Le ministre soudanais des Affaires étrangères, Ali Ahmad Karti, a même critiqué la gestion de l’Egypte sur ce dossier. «
Le Caire estime que ce projet pourraitavoir un impact négatif sur les pays en aval du fleuve et réduire leurs parts en ressources en eau. Mais les commentaires des responsables égyptiens dans les médias compliquent davantage la situation », déclare-t-il. Le ministre souligne ensuite la disposition de Khartoum à poursuivre ses efforts visant à réduire les divergences entre l’Ethiopie et l’Egypte. «
Le Soudan restera neutre entre L’Egypte et l’Ethiopie. Khartoum a des intérêts communs avec Le Caire et Addis-Abeba », ajoute-t-il.
La réaction du Soudan est surprenante. Les deux derniers pays en aval du Nil revendiquent des droits historiques sur le fleuve en vertu des accords de 1929 et 1959. Ce dernier traité colonial alloue à l’Egypte 55,5 milliards de m3 par an, soit 87 % des eaux du Nil. Le Soudan, alors l’allié de l’Egypte, avait obtenu 18,5 milliards de m3. Depuis environ 6 décennies, sur la base de ce traité, l’Egypte et le Soudan ont toujours refusé le moindre compromis sur le Nil et ont rejeté les projets d’un nouveau traité proposé par l’Initiative du bassin du Nil.
La majorité des pays du bassin du Nil, dont l’Ethiopie, ont décidé de ne plus tenir compte de ces accords. Ces pays riverains ont conclu un traité distinct en 2010 leur permettant de développer leurs projets sur le fleuve.
Le Soudan, qui n’a pas paraphé ce traité, estime aujourd’hui que ces projets ne l’affecteront pas. «
La position actuelle de Khartoum va à l’encontre de l’accord d’Entebbe de 1959 stipulant que l’Egypte et le Soudan doivent traiter ensemble les sujets concernant le partage, le contrôle et l’utilisation des eaux du Nil. Les récentes déclarations de Ali Karti prouve un changement de position du Soudan, notamment face aux pays africains en amont », estime Nader Noureddine, expert hydraulique et chercheur en affaires africaines.
La position de l’Egypte est sérieusement affaiblie par la position nuancée de son voisin du Sud. Le Caire est désormais isolé et part chercher des appuis en dehors du continent noir.
Source: Al-Ahram hebdo
http://hebdo.ahram.org.eg/NewsContent/0/10/124/5213/Le-Soudan-lâche-l’Egypte.aspx
Sudan's decision to remain "neutral" on the back of Ethiopian dam leaves Egypt in shock. Khartoum is now seeking to play the role of mediator.
The change in position of Sudan is a blow to Egypt. Sudan, practically the only ally of Egypt in this case, said he did not consider the construction of Ethiopian dam as a threat. The new dam is located 33 km from the Sudanese border in the Grand Canyon of the Blue Nile and White Nile meet in Khartoum.
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Sudan does not want conflict with Ethiopia, because the peace talks between the Sudanese government and rebels of South Kordofan take place in Addis Ababa. Sudanese territories also home to more than 4,200 Ethiopian activists, and it is a crisis for Sudan, who preferred to support the Ethiopian regime , "Hani Raslane specialist in countries of the Nile Basin Studies Center for Political and Strategic Analysis ( CEPS) Al-Ahram.
Sudan is therefore concluded that the dam will have no negative impact and agreed with Ethiopia, which has promised to sell him the electricity produced by the dam, which is lacking in electricity the region. Khartoum is now considered more as part of the dispute and would rather play a role of mediator between Egypt and Ethiopia.
The Sudanese Minister of Foreign Affairs Ali Ahmad Karti, has even criticized the management of Egypt on this issue. "
Cairo believes that this project couldimpact negatively on the country down the river and reduce their share water resources. But the comments of Egyptian officials in the media further complicate the situation , "he says. The Minister then outlined the provision of Khartoum to continue its efforts to reduce discrepancies between Ethiopia and Egypt. "
Sudan will remain neutral between Egypt and Ethiopia. Khartoum has common interests with Cairo and Addis Ababa , "he adds.
The reaction of Sudan is surprising. The last two countries downstream Nile claim historical rights on the river under the agreements of 1929 and 1959. This last colonial treaty allocates Egypt 55.5 billion m3 per year, or 87% water of the Nile. Sudan, then the ally of Egypt, had obtained 18.5 billion m3. For about 6 decades on the basis of this treaty, Egypt and Sudan have refused any compromise on the Nile and rejected projects proposed by the Nile Basin Initiative new treaty.
Most countries of the Nile basin, including Ethiopia, have decided not to consider these agreements. These riparian countries signed a separate treaty in 2010 allowing them to develop their projects on the river.
Sudan, which has not signed the treaty, currently estimated that these projects will not affect it. "
The current position of Khartoum goes against the Entebbe agreement in 1959 stipulating that Egypt and Sudan should address all matters concerning sharing, control and use of the Nile waters. Recent statements by Ali Karti shows a change in position of Sudan, including African countries face upstream , "said Nader Noureddine, hydraulic expert and researcher in African affairs.
The position of Egypt is seriously weakened by the nuanced position of its southern neighbor. Cairo is now isolated and seek support from outside the continent.
Source: Al-Ahram Weekly
http://hebdo.ahram.org.eg/N