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Bangladesh: a changing textile industry ten years after Rana Plaza : as reported in "Fashion Network France"

Bilal9

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Bangladesh: une filière textile en mutation dix ans après le Rana Plaza​

Le 24 avril 2023 marquera les dix ans de l'effondrement de l'usine textile du Rana Plaza, qui a fait 1.134 morts et plus de 2.500 blessés. Face à la pression populaire et au rejaillissement de l'affaire sur ses marques clientes, le Bangladesh a multiplié depuis dix ans les démarches de responsabilité sociale et environnementale. Se revendiquant désormais comme l'une des filières textiles les plus sûres, l'industrie locale ne s'en heurte pas moins à des marques pas toujours disposées à accepter les hausses de prix liées à l'amélioration des conditions de production.


BGMEA

"Voir, c'est croire !" répète Faruque Hassan. Le président de la BGMEA (association des fabricants et exportateurs bangladais d'habillement) était de passage à Paris durant la semaine du 13 février, à l'occasion de la semaine de conférences organisée par l'OCDE sur le devoir de vigilance dans la mode.

Pour le représentant de filière, installé dans un salon de l'Ambassade du Bangladesh sous l'oeil pénétrant d'un portait de Sheikh Mujibur Rahman (père-fondateur du Bangladesh), l'image des fabricants bangladais est en train de changer. Et ceci grâce aux visites croissantes de professionnels et donneurs d'ordres occidentaux, pour qui le Bangladesh s'est imposé après la Chine comme la deuxième "usine du monde".

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L'enjeu d'image est de taille pour le Bangladesh dans son ensemble: le textile-habillement, c'est 10% de son produit intérieur brut. Les quelques 4.000 usines textiles du pays emploient 4,4 millions de travailleurs. L'implacable dépendance du pays à l'habillement fait que celui-ci génère plus de 80% des exportations nationales. Une réalité qui, lorsque des étiquettes de grandes marques occidentales ont été déterrées parmi les corps du Rana Plaza, a associé aux enjeux sociétaux du drame une teneur d'urgence économique nationale.

Drame national et enjeu de filière


"Le Rana Plaza était un vrai drame national, qui a fait comprendre à tous qu'il fallait que les choses changent", explique Shafiul Islam, qui a présidé la BGMEA, et est aujourd'hui député bangladais de la 10ème circonscription de Dhaka, la capitale. "En 90 jours, les lois sur le travail ont été changées au parlement, pour combler des zones grises. A été instaurée une tolérance zéro pour l'intégrité structurelle et sécurité électrique. Ce sont des milliards que nous avons investis depuis, avec l'appui de l'Union européenne et des États-Unis.".


Le député bangladais Shafiul Islam et Faruque Hassan, président du BGMEA,à l'Ambassade du Bangladesh en France - MG/FNW


Pour l'élu bangladais, cependant, ce soutien a très rapidement trouvé une limite. Dès le printemps 2013, des industriels dénonçaient en effet le comportement contradictoire de grandes marques communiquant largement sur les améliorations exigées à leurs fournisseurs bangladais. Tandis que, loin des photographes, les commerciaux de ces mêmes marques continuaient à négocier à la baisse les prix de leurs commandes. Un grand écart qui se poursuivrait encore.

"Tout le monde dans la filière reconnait le gros travail de transformation mené par la filière depuis dix ans, mais dès qu'on parle d'argent, on retombe sur des questions brutales de compétitivité", déplore le parlementaire bangladais. Qui décrit des donneurs d'ordres qui seraient prompts à déplacer leur commandes vers Mongolie voir même Afghanistan à la moindre hausse de prix. "Ce comportement doit changer ! Dix cents de plus par pièce peuvent faire toute la différence, quand on veut transformer une filière. Ce que les marques disent appeler de leurs voeux.".

Condition de travail et salaires minimums


Pour les travailleurs textiles bangladais, le Rana Plaza a enclenché un processus conduisant à deux hausses du salaire minimal, menées en 2013 puis 2018. Des augmentations annuelles minimales sont désormais légalement instaurées, portant selon la BGMEA à 381% la hausse de salaire minimum depuis 2010. Celui-ci s'établit aujourd'hui à 8.000 takas (70 euros). Et fait d'ailleurs actuellement l'objet de revendications par les syndicats, qui réclament une hausse à 23.000 takas (202 euros), notamment au regard de l'inflation touchant le pays.


L'Asian University for Women de Dhaka - BGMEA

Le Rana Plaza avait par ailleurs entrainé l'adoption de nouvelles lois en 2015, qui venaient quant à elles protéger le droit des travailleurs, tandis que se sont instaurées des négociations de branches régulières, et qu'une nouvelle structure de concertation réunissant industriels et syndicats a vu le jour pour remonter et solutionner les problèmes signalés. Baptisée ReadyMade Garment Sustainably Council (RASC), cette instance est dirigée par Miran Ali, avec lequel FashionNetwork avait échangé en octobre dernier.

La filière a par ailleurs entrepris d'accompagner l'émancipation des travailleuses bangladaises, majoritaires dans ses usines, notamment en formant de futures manageuses. Un partenariat noué avec Asian University for Women aurait déjà permis de former 90 futures cadres féminines de la filière, qui prend plus largement acte d'une transformation progressive du modèle familial Bangladais. "Auparavant, il y avait de 6 à 8 personnes par famille, avec une personne travaillant" explique Faruque Hassan. "Les familles se composent désormais davantage de 3 à 4 personnes, avec deux personnes travaillantes, grâce à un meilleur accès au monde du travail pour les femmes.".

La compétitivité par l'efficacité


Des hausses de salaires qui ne sont pas sans rencontrer certaines résistances d'industriels locaux, qui redoute de voir ces coûts mettre à mal la compétitivité du pays. Avec en filigrane la crainte d'un scénario déjà vu en Chine, où les hausses de salaires ont fait partir les productions d'entrée de gamme. Et notamment vers le Bangladesh, alors principal bénéficiaire de ce glissement tectonique de l'approvisionnement textile.


Shovon Islam, CEO de Sparrow Group of Industries, à l'Ambassade du Bangladesh en France - MG/FNW

"Nous n'avons pas de craintes sur ce point car, avec les investissements en formations et machines menés depuis dix ans, nous avons gagné en efficacité, et sommes capables de produire plus avec le même nombre de salariés", explique l'industriel Shovon Islam, CEO du groupe Sparrow.

"Cela vaut pour les produits d'entrée-de-gamme, mais cela devient progressivement vrai pour le haut de gamme", insiste le dirigeant. "Vous verrez Made in Bangladesh sur des produits Hugo Boss et Mango comme sur du Inditex, Banana Republic ou J-Crew. C'est cette qualité de travail qui fait que, dans un pays textile comme l'Inde, 60% des vêtements vendus viennent en fait du Bangladesh.".

Des marques "erratiques" durant le Covid-19


Deuxième fournisseur de l'UE en habillement, en quatrième fournisseur pour les États-Unis, le Bangladesh a récemment durci son ton face aux commanditaires. Si le secteur textile a dès 2021 retrouvé et dépassé ses niveaux d'exportations d'avant-crise, une étude menée par l'association Transform Trade, menée auprès de 1.000 usines avec l'université d'Aberdeen et le Center for Global Development, mettait dernièrement en évidence certaines pratiques inéquitables de marques clientes.

"Les marques ont montré qu'elles pouvaient avoir un comportement très erratique, avec des annulations de commandes ou des renégociations unilatérales de commandes", confirme de son côté Shafiul Islam, qui ne cache pas un certain agacement face à certains comportements cavaliers. "Or, pour pouvoir améliorer la filière d'approvisionnement dans son ensemble, il faut que la coopération soit une réalité de chaque côté des tables de négociation".

La crise sanitaire aura, pour le travailleur, eu un effet notable: le paiement des salaires via virement ou applications mobiles, là où l'échange se faisait jusque-là traditionnellement en liquide. Une évolution amenée, dans les premiers mois de la crise, par la prise en charge des salaires par le gouvernement lui-même, et la volonté de verser ceux-ci tout en respectant les distanciations sanitaires requises.

GSP et déconsommation occidentale


L'industrie bangladaise garde par ailleurs un œil sur l'Union européenne, qui entend faire évoluer son système de préférence généralisé (dit GSP), avantage douanier aux portes de l'UE dont profite pour l'heure le Bangladesh. "Ceci intervient alors que nous sommes par ailleurs inquiets face à l'inflation qui gagne l'occident, et aux effets que cela pourrait avoir sur les budgets dédiés à l'habillement", explique Faruque Hassan. "C'est pour cela qu'il nous semble important, dans un moment comme celui-ci, que l'Europe ne compromette pas les efforts du Bangladesh en privant le pays d'avantages précieux comme le GSP".


BGMEA


Pour Shovon Islam, l'enjeu pour l'UE est notamment de ne pas ouvrir la porte à des approvisionnements plus douteux. "Nous sommes compétitifs, et très clairement le GSP nous aide à le rester par rapport à d'autres pays, moins regardant sur les conditions de production", explique-t-il. "Nous ne demandons pas à l'Europe un traitement de faveur, mais un soutien au regard des investissements fait par notre filière, et d'un contexte difficile pour nos commanditaires occidentaux.".

Usines vertes et recyclage


Pour convaincre les donneurs d'ordres, le Bangladesh a par ailleurs misé sur les usines "vertes". Quelque 187 structures locales ont été sacrées comme tel par l'USGBS (US Green Building Council), dont 110 médailles d'or, et 10 entreprises du Bangladesh au TOP 12 des entreprises listées par l'instance. Des investissements qui s'inscrivent notamment dans la volonté de réduire de 30% les émissions du secteur d'ici à 2030, notamment via un recours croissant à l'énergie solaire dans les usines.

Les machines elles-mêmes se modernisent, avec là encore la volonté de montrer l'engagement de la filière. "Nous aurions pu acheter moins cher des machines produites en Chine, mais nous avons choisi d'aller acheter en Europe les équipements les plus modernes", souligne Faruque Hassan. Qui évoque par ailleurs des investissements dans la filature et le tissage, pour rendre la filière moins dépendante des importations de matériaux venant d'Inde, Indonésie, Corée du Sud et Vietnam. "Il nous faudra toujours faire venir du coton et des fibres (venant d'Inde, Asie centrale, Etats-Unis, Egypte et Pakistan, ndlr), mais nous aurons nos propres fils et matières".


BGMEA

La BGMEA mise par ailleurs sur le recyclage. La fédération accompagne la réutilisation croissante des chutes de productions. Et ce n'est là qu'une première étape. Le président de la fédération évoque sa volonté de pouvoir, à terme, importer les vêtements usagés de différents pays afin d'en faire une nouvelle source de matière première pour sa filière. Une ambition qui rentrera en concurrence avec les aspirations identiques affichées par les filières européennes et américaines.

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TRANSLATION TO ENGLISH

Bangladesh: a changing textile industry ten years after Rana Plaza


April 24, 2023 will mark ten years since the collapse of the Rana Plaza textile factory, which left 1,134 dead and more than 2,500 injured. Faced with popular pressure and the repercussions of the affair on its client brands, Bangladesh has multiplied its social and environmental responsibility initiatives over the past ten years. Now claiming to be one of the safest textile sectors, the local industry nevertheless comes up against brands that are not always willing to accept the price increases linked to the improvement of production conditions.

BGMEA

"Seeing is believing !" repeats Faruque Hassan. The President of the BGMEA (Bangladeshi Apparel Manufacturers and Exporters Association) was in Paris during the week of February 13, on the occasion of the week of conferences organized by the OECD on duty of care in fashion .

For the sector representative, installed in a living room of the Bangladesh Embassy under the penetrating eye of a portrait of Sheikh Mujibur Rahman (founding father of Bangladesh), the image of Bangladeshi manufacturers is changing. And this thanks to the increasing visits of Western professionals and contractors, for whom Bangladesh has established itself after China as the second "factory in the world".

The image stakes are high for Bangladesh as a whole: textiles and clothing represent 10% of its gross domestic product. The approximately 4,000 textile factories in the country employ 4.4 million workers. The country's relentless dependence on clothing means that it generates more than 80% of national exports. A reality which, when the labels of major Western brands were unearthed among the bodies of Rana Plaza, associated the societal issues of the drama with a national economic emergency.


National drama and sector issue


"Rana Plaza was a real national drama, which made everyone understand that things had to change," said Shafiul Islam, who chaired the BGMEA and is now a Bangladeshi MP for Dhaka's 10th constituency. the capital. "In 90 days, labor laws were changed in parliament, filling gray areas. Zero tolerance for structural integrity and electrical safety was introduced. We've invested billions since, with the support from the European Union and the United States.

Bangladeshi MP Shafiul Islam and Faruque Hassan, President of BGMEA, at the Bangladeshi Embassy in France - MG/FNW

For the Bangladeshi elected official, however, this support very quickly found a limit. As early as spring 2013, manufacturers were denouncing the contradictory behavior of major brands communicating widely on the improvements required of their Bangladeshi suppliers. While, far from the photographers, the sales representatives of these same brands continued to negotiate the prices of their orders downwards. A big gap that would still continue.

“Everyone in the sector recognizes the big transformation work carried out by the sector for ten years, but as soon as we talk about money, we fall back on brutal questions of competitiveness”, deplores the Bangladeshi parliamentarian. Which describes contractors who would be quick to move their orders to Mongolia or even Afghanistan at the slightest price increase. "This behavior must change! Ten cents more per part can make all the difference, when you want to transform a sector. What the brands say they want.".

Working conditions and minimum wages


For Bangladeshi textile workers, the Rana Plaza has initiated a process leading to two minimum wage increases, carried out in 2013 and 2018. Minimum annual increases are now legally established, bringing the minimum wage increase since 2010 to 381% according to the BGMEA This now stands at 8,000 takas (70 euros). And is also currently the subject of demands by the unions, which are demanding an increase to 23,000 takas (202 euros), particularly in view of the inflation affecting the country.

The Asian University for Women in Dhaka - BGMEA


The Rana Plaza had also led to the adoption of new laws in 2015, which came to protect the rights of workers, while regular branch negotiations were established, and a new consultation structure bringing together industrialists and trade unions was created to report and solve the reported problems. Called ReadyMade Garment Sustainably Council (RASC), this body is led by Miran Ali, with whom FashionNetwork had exchanged last October.

The sector has also undertaken to support the emancipation of female Bangladeshi workers, the majority in its factories, in particular by training future managers. A partnership established with Asian University for Women has already made it possible to train 90 future female executives in the sector, which more broadly takes note of a gradual transformation of the Bangladeshi family model. "Previously, there were 6 to 8 people per family, with one person working," explains Faruque Hassan. “Families are now made up more of 3 to 4 people, with two people working, thanks to better access to the world of work for women.”.

Competitiveness through efficiency

Wage increases which are not without meeting some resistance from local industrialists, who fear that these costs will undermine the country's competitiveness. With the underlying fear of a scenario already seen in China, where wage increases have driven entry-level productions away. And especially to Bangladesh, then the main beneficiary of this tectonic shift in textile supply.

Shovon Islam, CEO of Sparrow Group of Industries, at the Bangladeshi Embassy in France - MG/FNW

"We have no fears on this point because, with the investments in training and machines carried out for ten years, we have gained in efficiency, and are able to produce more with the same number of employees", explains the industrialist Shovon Islam, CEO of the Sparrow Group.

"This applies to entry-level products, but it is gradually becoming true for the high end", insists the leader. "You will see Made in Bangladesh on Hugo Boss and Mango products as well as on Inditex, Banana Republic or J-Crew. It is this quality of work that means that, in a textile country like India, 60% of the clothes sold actually come from Bangladesh."

Erratic marks during Covid-19

Second supplier of the EU in clothing, in fourth supplier for the United States, Bangladesh recently hardened its tone vis-a-vis the sponsors. If the textile sector has regained and exceeded its pre-crisis export levels by 2021, a study carried out by the Transform Trade association, conducted among 1,000 factories with the University of Aberdeen and the Center for Global Development, recently highlighted certain unfair practices by client brands.

“Brands have shown that they can behave very erratically, with cancellations of orders or unilateral renegotiations of orders,” confirms Shafiul Islam, who does not hide a certain annoyance at certain cavalier behavior. "However, to be able to improve the supply chain as a whole, cooperation must be a reality on each side of the negotiating tables".

The health crisis will have, for the worker, had a notable effect: the payment of wages via transfer or mobile applications, where the exchange was until then traditionally done in cash. An evolution brought about, in the first months of the crisis, by the payment of salaries by the government itself, and the desire to pay them while respecting the required sanitary distances.

GSP and Western consumption

Bangladeshi industry is also keeping an eye on the European Union, which intends to develop its generalized system of preferences (known as GSP), a customs advantage at the gates of the EU from which Bangladesh currently benefits. "This comes at a time when we are also worried about the inflation that is spreading to the West, and the effects that this could have on budgets dedicated to clothing", explains Faruque Hassan. "That's why it seems important to us, at a time like this, that Europe does not undermine Bangladesh's efforts by depriving the country of valuable benefits like the GSP."

For Shovon Islam, the challenge for the EU is notably not to open the door to more dubious supplies. “We are competitive, and very clearly the GSP helps us to remain so compared to other countries, which pay less attention to production conditions,” he explains. "We are not asking Europe for preferential treatment, but for support with regard to the investments made by our sector, and a difficult context for our Western sponsors.".

Green factories and recycling

To convince contractors, Bangladesh has also relied on "green" factories. Some 187 local structures have been crowned as such by the USGBS (US Green Building Council), including 110 gold medals, and 10 Bangladeshi companies in the TOP 12 companies listed by the body. Investments that are part of the desire to reduce the sector's emissions by 30% by 2030, in particular through the increasing use of solar energy in factories.

The machines themselves are modernized, again with the desire to show the sector's commitment. “We could have bought machines produced in China cheaper, but we chose to buy the most modern equipment in Europe,” said Faruque Hassan. Which also evokes investments in spinning and weaving, to make the sector less dependent on imports of materials from India, Indonesia, South Korea and Vietnam. "We will still have to bring in cotton and fibers (from India, Central Asia, the United States, Egypt and Pakistan, editor's note), but we will have our own yarns and materials".

The BGMEA also relies on recycling. The federation supports the increasing reuse of off-cuts from productions. And this is only a first step. The president of the federation evokes his desire to be able, in the long term, to import used clothing from different countries in order to make it a new source of raw material for his sector. An ambition that will compete with the identical aspirations displayed by the European and American sectors.
 
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